De l’utilité des témoins

Il y a quelques temps, j’avais publié un article sur lutilité des archives judiciaires. Aujourd’hui, j’écris sur l’utilité des témoins.

Pourquoi?

Parce que je vous vois! Oui, vous! ô généalogistes; je vous vois les négliger, de pas les citer sur vos arbres en ligne. Beaucoup s’abstiennent de noter que trucmuche est témoin ou parrain de telle ou telle personne. Pourquoi? Parce qu’il n’est pas noté « grand-père de l’enfant ». Pourtant, les témoins sont indispensables à la généalogie, même lorsqu’ils ne sont pas de la famille. Ils nous en apprennent beaucoup et les noter, c’est les garder de côté pour le jour où vous pourrez assouvir l’ambition ultime: écrire l’histoire de votre famille. Voici quelques exemples.

En 1894 naquit ma cousine Zoé Récipon fille du célèbre sculpteur parisien Georges Récipon. Son père et sa mère, Valentine Monchicourt, artiste peintre, vivaient au 38 rue Boileau dans le XVIe arrondissement. Si je vous parle de Zoé, c’est qu’à sa naissance, fut témoin Charles Lenoir autre sculpteur parisien. Georges Récipon fréquentait donc ses confrères. Mieux encore, Charles Lenoir vivait à la même adresse que les Récipon. Voisin, collègue de travail et certainement ami.

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Georges Récipon par Robert Charlie (1905)

En 1901, les Récipon avaient déménagé plusieurs fois et s’installèrent au 53 rue de Vaugirard, dans le VIe arrondissement. Cette année-là naquit leur fille Suzanne et furent témoins Eugène Duveau et Lucien Gibert, deux mouleurs, certainement collègues de Georges Récipon montrant à nouveau les liens étroits entres gens de la même profession. Mieux encore, ils vivaient eux aussi au 53 rue de Vaugirard. Cela montre bien qu’il y avait, sinon des quartiers, du moins des immeubles d’artistes dans Paris dès la fin du XIXe – début XXe.

Ces témoins ont l’utilité de me permettre d’écrire l’histoire des Récipon que je vous conterai peut-être prochainement.

Mais les témoins peuvent avoir d’autres utilités comme une personne revenant souvent dans les actes d’une même famille ce qui peut signifier un lien d’amitié. Attention toutefois à ne pas prendre pour « proche » un témoin qui est présent dans presque tous les actes d’une commune; c’est souvent parce qu’il s’agit d’un lettré comme l’instituteur au XIXe.

Enfin, le témoin peut enlever une épine généalogique du pied. Exemple. Je vous ai parlé dans plusieurs articles des Lombard, ces ancêtres récalcitrants. J’ai fini par retrouver le mariage de Salomon Lombard et de Louise Martin en 1673, mais je n’arrivais pas à trouver le mariage de son fils, Antoine, avec Anne Ginies. Je supposai donc qu’elle naquit ailleurs. Oui, mais où? Dans de nombreux actes sont mentionnés des Ginies signifiant leur lien fort avec les Lombard. Et dans l’acte de mariage de Salomon et de Louise, je trouvai la mention d’un Ginies domicilié à La Bastidonne, petit village voisin de La Tour d’Aigues. Je cherchai donc le mariage là-bas et le trouvai après quelques instants de recherche. Tout cela grâce à un témoin sans lien de parenté apparent sinon le patronyme.

Mon conseil du jour est donc simple: Notez les témoins, créez pour eux des fiches et utilisez-les au maximum; ils peuvent être d’un grand secours pour débloquer une branche ou pour écrire l’histoire de votre famille.

2 réflexions sur “De l’utilité des témoins”

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