Joseph l’aventurier

On a parfois des ancêtres ou collatéraux qui ont eu des vies particulièrement mouvementées. C’est le cas de ce cousin de jadis, Joseph Maïssa, dont la vie n’est qu’une suite de rebondissements. Depuis l’assistance publique de la Seine jusqu’aux armées dans les Antilles, cet homme qui vécut la Première guerre mondiale depuis les tranchées n’a eu de cesse de me surprendre. Voici le roman-vrai de sa vie.

L’orphelin délaissé

Joseph est le fameux fils abandonné du couple dont j’ai parlé dans mon précédent article. Huitième enfant (sur onze) de Joseph Maïssa et de Marie Scoffier, il est né en 1882 dans le quartier de Batignolles, à Paris, où vivaient ses parents. Un maçon et une blanchisseuse, employés journaliers, assez précaires, venus de l’arrière-pays niçois, leur vie semblait rythmée depuis la lucarne des registres d’état-civil par des accouchements et des morts d’enfants. Sur les onze enfants, cinq vécurent jusqu’à l’âge adulte, mais la dernière-née, Eugénie, n’eut guère l’occasion de connaître sa famille : sa mère meurt en couches au bout de cinq jours de ce qui dut être une agonie.

Suite à ce décès, le père s’en va avec les deux fils aînés, alors âgés d’une vingtaine d’années. La fille aînée se marie la même année, en 1890, tandis qu’Eugénie est placée, quelques jours après sa naissance et la mort de sa mère, à l’Assistance publique.

Joseph a aussi été placé, mais il ne m’a pas été possible de trouver sa trace dans les registres des enfants assistés de la Seine. Je suppose qu’il a été placé après la mort de sa mère, dont il peut prouver le décès en 1908 et qui n’aurait pas eu de raison de l’abandonner entre sa naissance en 1882 et son décès en 1890 : deux enfants naissent après lui et tout deux décèdent chez leurs parents après quelques mois.

Mais voilà, si Joseph a été abandonné en 1890, il avait 8 ans et ce doit être terrible pour un enfant de cet âge de perdre sa mère puis d’être abandonné par le reste de sa famille. Peut-on envisager que cet abandon ait joué un rôle dans sa vie future, faite d’instabilité, d’une mobilité permanente et d’aventures militaires ? Ca m’a traversé l’esprit, mais on se perdrait en conjectures !

Joseph réapparaît à l’âge de 16 ans, en 1899, dans la Nièvre.

La tentation militaire

Dun-les-Places est un village de la Nièvre, tristement connu pour un épisode de la Seconde guerre mondiale où les Allemands ont massacré une partie de la population, pillés et mis le feu où ils le pouvaient. Mais en 1899, il s’agissait d’un bourg d’environ 1500 habitants.

Carte postale ancienne de Dun-les-Places

C’est dans ce village que vit Joseph Maïssa lorsqu’en 1899 il décide de faire son service militaire avec quelques années d’avance. Alors âgé de seulement 16 ans, il s’engage volontairement dans l’armée pour une durée de 4 ans.

Rien ne le retenait, semble-t-il, à Dun-les-Places où il était domestique depuis peu. Absent du recensement de 1896 et n’ayant que 16 ans en 1899, il y a fort à parier que son emploi dans la Nièvre ne lui convenait pas et que l’armée était une meilleure option.

Bien que mobilisé dans la classe de 1899, sa véritable aventure ne démarre qu’en décembre 1900 lorsqu’il est incorporé au 111e régiment d’infanterie. Il y reste jusqu’en décembre 1904, gravissant petit à petit les échelons : caporal en 1901, sergent en 1903 et sergent-fourrier en 1904.

Après ce service de quatre ans, Joseph Maïssa décide d’arrêter le service actif et, passant dans la réserve, s’en retourne à Paris, sur le 17e arrondissement qui l’a vu naître. Au 70, rue des Moines, il s’installe dès 1905 et commence une nouvelle vie dans le civil en devenant teinturier. Sa vie se poursuit ainsi durant trois ans lorsqu’en 1908, Joseph se marie.

Retour temporaire à la vie civile

A L’Île-Saint-Denis, Joseph Maïssa épouse une teinturière, Adèle Alice Krafft. Elle est âgée de 19 ans et lui de 26 ans et les époux finissent par s’installer sur cette commune dans la rue même où vivait l’épouse avant son mariage : la rue du Saule Fleuri. Adèle déménagea du 22bis au 28, ce qui dut être assez aisé !
Cette voie, qui se nomme désormais rue René et Isa Lefèvre est à distinguer du quai du Saule Fleuri.

La rue du Saule Fleuri, début XXe.

Le mariage est stérile et au bout de trois ans, Joseph décide de retourner dans l’armée. Pourquoi ? Son métier est-il trop peu rémunérateur ? Regrette-t-il d’avoir quitté l’armée ? Le couple bat-il de l’aile ?
Je n’ai pas la réponse, mais Joseph se réengage pour 4 ans en juin 1911 et rejoint l’infanterie coloniale.

Nouveau début de carrière

En se réengageant, chose étonnante à mes yeux, Joseph redevint simple soldat de première classe. Mais les événements s’enchaînent.

Dès novembre 1911, il passe au 4e bataillon du Maroc, est promu caporal en 1912 avant de rejoindre les tirailleurs sénégalais la même année où il devint caporal-fourrier. Le 1er octobre 1913, il est promu sergent quand un événement de taille se produit chez lui, à L’Île-Saint-Denis.

Le 10 octobre, dans l’après-midi, Adèle meurt. Elle n’a que 24 ans. Ce décès doit être la raison pour laquelle, le 5 novembre, Joseph est rapatrié du Maroc. Il resta quelques mois à L’Île-Saint-Denis, probablement pour régler la succession de son épouse, mais se réengage de nouveau, en juin 1914, dans l’infanterie coloniale. Et la première guerre mondiale éclate.

La guerre 14-18

Le 7 août 1914, Joseph part aux armées avec le 23e régiment d’infanterie coloniale. En ligne, j’ai pu consulter le JMO du régiment qui malheureusement n’est conservé que jusqu’en fin 1914. Joseph était chargé du service télégraphique et si le JMO ne m’apprend rien sur Joseph précisément, on y lit que le 17 août, la régiment part vers Gérouville, en Belgique, pour y tenir les routes et surtout qu’une fois sur place, les français tirent sur quatorze cavaliers allemands venus dans le village pour couper les lignes télégraphiques et détruire les appareils du Bureau des Postes et Télégraphes. Par la suite, le régiment fut en partie décimé dans une embuscade allemande tandis que, le 1er septembre 1914, Joseph est promu adjudant.
Cette promotion est peut-être liée au massacre subi par les troupes du 23e lors de la marche sur Neufchâteau. Les deux premiers bataillons sont décimés à un point tel qu’ils fusionnent quelques jours après.

Ce schéma semble se reproduire en décembre 1914 quand, le 17, Joseph est promu sous-lieutenant à titre temporaire.
Le 11 décembre, les premier et deuxième bataillons reçoivent l’ordre d’attaquer les tranchées ennemies. Lorsqu’à 7h15, les soldats franchissent les parapets des tranchées, ils font une vingtaine de mètres avant d’être mitraillés par l’ennemi. Un feu nourri les balaie tandis qu’ils essaient de progresser sur un terrain détruit à force de tirs, où les arbres éventrés jonchent dangereusement le sol. Des mitrailleuses qui n’avaient pas été repérées ouvrent aussi le feu tandis que les bombes tombent sur les soldats. C’est une hécatombe.
Avant d’atteindre un boyau de communication (qui se situe avant les tranchées adverses), deux sous-lieutenants, un adjudant et quatre sergents meurent. En sortant du boyau, le capitaine est mortellement atteint. Coupés dans leur élan et bien que certains aient pu atteindre les tranchées adverses, les soldats français ne peuvent plus avancer tandis qu’une contre-attaque allemande se prépare. Les français envoient alors une autre compagnie, qui paraît être de la chaire à canon, décimée en quelques instants, mais qui put empêcher la contre-attaque. Le 23e régiment d’infanterie coloniale perdit 5 officiers et 133 soldats ainsi que 153 blessés dans cette journée.

Comme pour beaucoup de nos aïeux ou collatéraux ayant participé à la Grande Guerre, les promotions sont dues à des gradés morts sur le champ de bataille.

Pendant une année, je perds la trace de Joseph. En octobre 1915, il est cité à l’ordre de l’armée. Il semble rester au 23e régiment d’infanterie coloniale jusqu’en 1916. La citation montre qu’il est toujours au service télégraphique :

Est monté brillamment à l’assaut pris sous un feu d’artillerie et de mitrailleuses des plus violents, a installé la liaison téléphonique. Pendant 8 jours n’a cessé de s’exposer dans une région particulièrement bombardée pour assurer jour et nuit en vivres et en munitions du secteur occupé par le régiment.

ordre de l’armée n°55 du 17/10/1915.

Le 13 janvier 1916, il est promu lieutenant à titre temporaire, probablement dans des circonstances analogues à celles qui lui avaient valu d’être sous-lieutenant. Cependant, la guerre tourne court pour Joseph. En juillet 1916, il est blessé à Becquincourt dans les premiers jours de la Bataille de la Somme. Blessé le 3 juillet (la bataille commence le 1er), il souffre de plaies au pied gauche et de petites plaies aux mains. On extrait des éclats du pied qui s’est infecté.

Cette blessure et l’infection surtout, ont conduit Joseph à l’hôpital. Il est cependant de nouveau cité, cette fois à « l’ordre de la division » :

S’est fait remarquer par son sang froid et sa bravoure calme au cours des combats du 1er au 3 juillet. Ce, grâce à son activité, à sa puissance de travail de collaborateur précieux pour son chef pendant toute cette période. Blessé accidentellement au cours du combat.

ordre de la division n°7614 du 28/08/1916

Dès le 5 juillet et jusqu’au 24 août, Joseph est à l’hôpital auxiliaire 405 à Paris. C’est à ce moment-là qu’il rencontre Louise Godfrin, une modiste parisienne qui a peut-être été infirmière dans cet hôpital.

Le couple ne traîne pas pour se marier puisqu’ils s’unissent dès le 26 août 1916.

Hospitalisation à Biarritz et divorce

La raison d’un mariage si précipité peut être un coup de foudre, mais une raison plus terre-à-terre se lit entre les lignes des documents d’archives.

L’hospitalisation de Joseph à Paris se termine officiellement le 24 août et le 25, il est officiellement hospitalisé à Biarritz. On peut donc penser qu’il savait qu’il serait transféré et que le couple a souhaité se marier au plus tôt (pour voyager ensemble plus aisément par exemple). L’option « coup de foudre » n’est pas à exclure étant donné qu’ils se connaissaient depuis même pas deux mois !

A Biarritz à partir du 25 août 1916 (officiellement, mais date d’entrée inconnue), il y reste plus d’un an, à l’hôpital bénévole 104B. Il n’en sortit que le 27/09/1917. Son épouse est-elle là ? On peut le supposer, mais je ne suis pas certain qu’elle puisse habiter à l’hôpital… Tout ce que je peux vous affirmer, c’est que le couple n’a pas non plus d’enfants.

Le 28 septembre 1917, Joseph passe par le Centre spécial de réforme qui se trouve à Bayonne. Il sort de l’hôpital et est envoyé en convalescence pour deux mois. L’infection a dû être particulièrement grave pour qu’un an et demi après, on le mette ainsi en congé. Et on va voir que la blessure ne semble pas guérir pendant un moment.

A ce moment-là, Joseph repart à Paris. Peut-être rejoint-il enfin son épouse… Après plus d’un an de mariage et au mieux un an et deux mois à se connaître.
Presque à son arrivée, le 10 octobre 1917, il retourne à l’hôpital, celui du Val-de-Grâce. Il y reste jusqu’au 30 octobre puis part en convalescence de deux mois. De nouveau.

Cette fois-ci, ce sera la dernière hospitalisation pour Joseph qui rejoint dès le 31 décembre le dépôt du 23e régiment d’infanterie coloniale. Il ne doit pas beaucoup « bouger » dans ce cadre car deux événements majeurs lui arrivent sur Paris…

En février 1918, Joseph et Louise divorcent. Même pas deux ans de mariage, une probable longue séparation à Biarritz et un retour qui n’a pas eu l’effet escompté : l’union s’achève. Joseph ne reste pas seul bien longtemps puisque, dès septembre, il se remarie.

Sa troisième épouse, Estelle Casenave, est aussi une fille du 17e arrondissement. Employée de commerce âgée de 28 ans, Joseph en ayant 36, Estelle et Joseph resteront ensemble jusqu’au décès de ce dernier. Joseph reste au dépôt du 23e régiment d’infanterie coloniale jusqu’au 21 octobre 1918 où il rejoint les armées. Heureusement pour lui, l’armistice a lieu le 11 novembre !

La guerre terminée, il est de nouveau hospitalisé en 1919 pendant un mois suivi d’une convalescence de deux mois.

A nouveau, la vie de notre aventurier va changer…

Une fille et un tour du monde militaire

En juin 1919, notre aventurier et son épouse ont une fille, Yvette, née chez ses parents qui vivaient alors dans le 19e arrondissement, au 2 rue de Palestine.

Origine de l’image : CPArama

Au moment où sa fille est née, le 16 juin pour être précis, Joseph est à l’hôpital Michelet à Vanves où il était déjà depuis un mois. Une dizaine de jours après la naissance, le 25, Joseph Maïssa part en convalescence de deux mois et est « au dépôt » de son régiment jusqu’en juillet 1920, ce qui lui laisse probablement le temps d’être avec sa famille avant de traverser le monde… Mais ça, Joseph n’est probablement pas encore au courant.

Le 19 juillet 1920, il est dirigé sur Saint-Nazaire avant d’embarquer le 25 à destination des Antilles. Il est envoyé en maintien de la paix en Guyane. Il fait route vers Fort-de-France où il débarque le 10 août, puis, le 27 septembre, il arrive en Guyane après un voyage d’une semaine.

Je n’ai pas de détail sur les missions effectuées sur place, tout juste sait-on qu’il a été promu capitaine en septembre 1921, un an après son arrivée, et qu’il repart en France en août 1923. Je suppose que sa famille est venue avec lui et le fait de stationner un peu plus longtemps que d’habitude au même endroit a dû être une nette progression dans la qualité de vie de la famille et de Joseph l’aventurier en particulier.

A son arrivée en France, on lui offre un congé de « fin de campagne » de quelques mois et dès février 1924, c’est reparti pour un tour ! On l’envoie un an en Allemagne jusqu’en février 1925 où, à l’armée, ils ont dû se dire que c’était pas suffisant et voilà, on se décide à envoyer Joseph au Maroc pour combattre durant la Guerre du Rif. Il passe dans les tirailleurs sénégalais, va au Maroc pendant encore une année (un an et demi pour être plus exact) et en juillet 1926, il peut enfin retourner en France !

Bonne nouvelle, non ?

Pendant deux ans, oui ; c’est même une bonne surprise quand on regarde son parcours. Et au bout de deux années à vivre sa vie, sans que je ne puisse vous dire exactement en quoi cela pouvait bien consister, on renvoie Joseph voyager un peu. Il en a pas eu assez, donc retour aux Antilles, en août 1928.

Il resta aux Antilles jusqu’en 1931, année où il est aussi affecté à un régiment de mitrailleurs malgaches avant de revenir en France à la mi-juin de la même année. A partir de ce moment-là, Joseph ne voyage plus. Et on comprend pourquoi… sa blessure n’a jamais vraiment guérie.

La commission de Réforme de Périgueux déclare fin mai 1932 qu’il peut être « maintenu en activité » mais avec une pension permanente à cause des blessures suivantes :

1° Déformation du pied gauche suite de plaie par éclat de grenade. Diminution de la tibio-tarsienne. Affaissement de la voute plantaire. A la face externe et interne du pied : deux citatrices déprimées et adhérentes.
2° Hypoacousie gauche par otite scléreuse et cicatricielle, voix chuchotée à 0,20.
3° Séquelles légères jambe droite de plaie accidentelle.

Sa carrière s’arrête en 1933 quand il fait valoir ses droits à la retraite et est alors promu chef de bataillon. Quoi qu’ensuite affecté dans la réserve, on peut penser que Joseph n’eut plus à aller se battre.

En 1936, il vit en banlieue parisienne, à Champigny-sur-Marne, avant de s’en retourner dans « son » arrondissement parisien, le 17e.

La seconde guerre mondiale éclata alors que Joseph était déjà rayé des cadres et bien trop âgé pour aller au front. Il n’a d’ailleurs pas été rappelé d’après sa fiche matricule, même pour un travail de bureau. Toute cette période, jusqu’à la fin de sa vie, est un mystère pour moi car il n’y a pas beaucoup de sources accessibles facilement durant cette période récente. De plus, la retraite me paraît être comme l’enfance : une période très peu documentée.

Mais la vie continua pour Joseph qui put voir sa fille Yvette se marier, en 1946, avec Pierre André Drouhet. Cet avocat était aussi un résistant des FFI, dans l’Eure, où il était l’adjoint au chef du canton de Damville. Celui qui était alors surnommé « Cambronne » semble avoir quelques points en commun avec son beau-père.

C’est d’ailleurs dans l’Eure que Joseph a passé les derniers moments de sa vie, y décédant le 9 octobre 1949 à l’âge de 67 ans. Son épouse, Estelle Casenave, vécut jusqu’en 1981 et leur fille, Yvette, n’est morte qu’il y a assez peu de temps, en 2018. J’ignore si elle a eu une descendance.

Pour conclure…

… la vie de Joseph fut une aventure. Une enfance difficile pour un enfant qui fut abandonné par les siens, devint domestique et partit l’armée à 16 ans. Cet enfant de l’assistance publique qui fit le tour du monde et des guerres pour finir chef de bataillon. Marié trois fois, veuf, divorcé, père ; je ne sais pas si sa vie fut bonne, mais elle fut mouvementée.

Ce portrait, peut-être trop long, peut-être biaisé, ne concerne qu’un lointain et vague cousin. Mais c’est en découvrant par hasard certaines vies qu’on s’y intéresse, qu’on creuse, fascinés et qu’on espère y apprendre quelque chose.

Comment ai-je découvert Joseph ? Par un avis de décès d’un de mes ancêtres. Avis de décès qui m’a lancé dans une quête assez simple en apparence : identifier les personnes citées… mais une quête qui était plus ambitieuse que je ne l’aurais cru. On en reparle très vite !

Sacrés Ancêtres! hibernera pendant le mois de novembre, mois du ChallengeAZ qui consistera, pour votre serviteur, en beaucoup de lectures sur d’autres blogs.
On se retrouve le 7 décembre sur le blog pour un nouvel article qui sera consacré aux recherches généalogiques en Tunisie.

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